Des fourmis pour
Credits: LUIS ROBAYO/AFP

Des fourmis pour "renifler" les cancers

Les fourmis peuvent apprendre à flairer des cellules humaines cancéreuses, comme les chiens mais bien plus rapidement, selon une étude qui propose de creuser cette piste pour le dépistage précoce des tumeurs.

Des expérimentations ont récemment démontré la performance de l'odorat canin pour repérer l'empreinte olfactive de certaines tumeurs cancéreuses, qui émettent des composés organiques volatils (COV), qu'un humain ne peut sentir.

Mais cette méthode nécessite un entraînement long - entre six mois et un an par chien - et coûteux - "des dizaines de milliers d'euros", souligne l'éthologue de l'Université Sorbonne Paris Nord Baptiste Piqueret.

Piqueret a donc tenté l'expérience avec des fourmis, un insecte utilisant son puissant odorat dans ses tâches quotidiennes, et doté d'une capacité d'apprentissage rapide.

Avec des scientifiques du Centre national de la recherche scientifique, de l'Institut Curie et de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, il a choisi l'espèce la plus commune, Formica fusca, répandue dans l'hémisphère Nord et qui n'est pas considérée comme menacée en France.

En laboratoire, les insectes ont été soumis à des protocoles dits d'apprentissage associatif où une odeur est associée à une récompense, en l'occurrence une goutte d'eau sucrée.

Dans une première session d'entraînement, la fourmi "se promenait librement, tombait par hasard sur une goutte sucrée et pendant qu'elle la buvait, elle reniflait son environnement (avec ses antennes) imprégné d'une odeur particulière", détaille le chercheur.

A l'étape suivante, l'insecte avait le choix d'aller dans un endroit avec l'odeur apprise et un autre avec une odeur différente, mais sans goutte de sucre cette fois. "Si la fourmi avait bien appris, elle passait beaucoup de temps près de l'odeur associée au sucre et tournait autour en cherchant la récompense".

Ces tests ont été réalisés avec des odeurs de cellules humaines saines et de cellules cancéreuses (produites par un cancer de l'ovaire) pour voir si les fourmis arrivaient à les distinguer. Puis, plus finement, avec deux cellules malades (issues de cancers du sein), pour voir si les insectes faisaient la différence entre deux sous-types de cancers.

Trois entraînements de moins d'une heure ont suffit pour que les fourmis apprennent la différence entre ces sous-types. De plus, le protocole est très simple et ne nécessite pas de matériel onéreux.

Reste à évaluer "l'efficacité de cette méthode grâce à des tests cliniques sur un organisme humain complet", précise le CNRS dans un communiqué.

Des expériences préliminaires sont en cours avec de l'urine de souris atteintes de cancers..

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