Pour les réfugiés ukrainiens, des papiers de séjour légaux en France, mais des rêves de retour vers leur pays natal
Credits: BULENT KILIC/AFP

Pour les réfugiés ukrainiens, des papiers de séjour légaux en France, mais des rêves de retour vers leur pays natal

Oleksandr Plevako vient d'obtenir son titre provisoire de séjour en France, qu'il brandit dans le centre parisien dédié aux réfugiés fuyant l'Ukraine. Mais déjà, il serre le poing, en signe de lutte: "Dès que je peux, je rentre!"

D'ailleurs, raconte dans un français impeccable cet ex-diplomate de 65 ans, il a bien failli ne jamais quitter son pays, même après l'invasion russe du 24 février.

L'ancien membre de la délégation ukrainienne auprès de l'Unesco était resté à Kiev avec son père, gravement malade. Mais ce dernier est mort le 28, en plein conflit.

"Le temps de l'enterrer, je suis parti le 2 mars, en train, vers la Hongrie, puis je suis arrivé le 8" en France, explique-t-il calmement, cheveux blancs coiffés sur le côté et regard bleu bienveillant.

Dans le lieu d'accueil qui s'est installé dans un hall du parc des expositions, Porte de Versailles à Paris, Oleksandr Plevakov est venu parer au plus pressé: obtenir des papiers.

Pour le reste, il ne demande ni hébergement ni allocation. Il se tient prêt à rentrer, même s'il faut attendre "un, deux, trois ans", assure-t-il.

Un sentiment qui résume celui d'une écrasante majorité des personnes rencontrées dans le centre, où 440 lits ont été installés.

Olga Tarasova, 65 ans également, n'attend elle aussi qu'une chose: "Dès que c'est fini, je prends le premier avion". Ses deux fils, 46 et 38 ans, sont restés combattre dans la capitale.

"Je voulais me procurer une kalachnikov et protéger ma famille. Mais ils m'ont dit +maman, tu seras plus en sécurité loin d'ici, reviens quand ce sera fini+", raconte-t-elle, en sanglots.

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La petite grand-mère blonde passe un Kleenex sur son visage. "J'étais au téléphone avec mon voisin quand il a été arrêté par des Russes avec sa femme et ses deux enfants. Ils les ont tués alors que j'étais à l'autre bout du fil", assure-t-elle.

"Donc j'espère que quand je rentrerai, Poutine aura rejoint Staline en enfer", tempête-t-elle dans la salle d'attente, approuvée par des hochements de tête.

Parmi les Ukrainiens rencontrés, seule Oksana Shevtchenko, 37 ans, envisage une nouvelle vie en France.

Il faut dire que son futur mari, un gradé de l'armée française qui avait anticipé l'offensive russe, est venu en personne à Kiev l'exfiltrer la veille de l'invasion.

"Je devrais être heureuse d'être dans un pays en paix, de me marier bientôt. Mais ma vie a changé en quelques heures. Je ne peux plus rentrer, je sais que je ne retrouverai pas le Kiev d'avant. Je veux juste que mes parents puissent me rejoindre", eux qui sont restés à Mykolaïv.

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