L'Espagne pourrait servir d'alternative pour réduire la dépendance de l'Europe au gaz russe, étant reliée par gazoduc à l'Algérie et dotée de vastes terminaux méthaniers
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L'Espagne pourrait servir d'alternative pour réduire la dépendance de l'Europe au gaz russe, étant reliée par gazoduc à l'Algérie et dotée de vastes terminaux méthaniers

Reliée par gazoduc à l'Algérie et dotée de vastes terminaux méthaniers, l'Espagne pourrait servir d'alternative pour réduire la dépendance de l'Europe au gaz russe, mais cette option impliquerait de lourds travaux afin d'améliorer les connexions avec le reste de l'UE.

"L'Espagne peut et doit jouer un rôle important dans l'approvisionnement" énergétique de l'Europe, a martelé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'une rencontre à Madrid avec le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez.

L'Espagne dispose, en effet, de six terminaux gaziers permettant de regazéifier et de stocker le gaz naturel liquéfié (GNL) transporté par voie maritime. Ce réseau est le plus important d'Europe.

Le pays dispose, en outre, d'un approvisionnement direct en gaz sous pression, grâce à un gazoduc sous-marin de 750 kilomètres de long reliant l'Algérie aux côtes andalouses: le Medgaz, d'une capacité de dix milliards de mètres cubes par an.

Un deuxième pipeline d'une capacité équivalente relie l'Espagne à l'Algérie via le Maroc: le GME (Gaz Maghreb Europe). Son fonctionnement a été suspendu début novembre par Alger sur fond de crise diplomatique avec Rabat mais il n'a pas pour autant été démonté.

Cette position fait de l'Espagne un État à part au sein de l'UE car il dépend très peu du gaz russe", souligne Thierry Bros, professeur à Sciences Po Paris et spécialiste du secteur.

En effet, un tiers des capacités de regazéification de l'UE et du Royaume-Uni se trouve dans la péninsule ibérique.

Reste que les infrastructures permettant d'exporter de grandes quantités de gaz n'existent pas, l'Espagne ne possédant actuellement que deux connexions avec les gazoducs français, à Irún (Pays Basque) et Larrau (Navarre). Or, ces pipelines n'ont qu'une faible capacité de livraison.

Pour combler ce manque, un projet de pipeline avait été lancé en 2013 entre la Catalogne (nord-est de l'Espagne) et le sud-est de la France. Mais ce gazoduc, baptisé MidCat, a été abandonné en 2019 faute d'accord sur son financement et de réel soutien de la France, peu convaincue de son utilité.

Le ministre portugais des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva, est favorable à la création d'un gazoduc supplémentaire entre l'Espagne et la France.

Cependant, un projet comme cela, c'est au moins quatre ou cinq ans de travaux, ce n'est pas une solution de court terme", abonde Thierry Bros, sceptique sur l'utilité d'une telle infrastructure, d'autant que "la capacité de l'Algérie à suppléer l'offre russe est limitée".

"On ne réécrit pas l'histoire", insiste le chercheur, qui juge nécessaire de trouver des solutions "plus adaptées" à la situation. "Le pays qui le plus de besoins en gaz, c'est l'Allemagne: il serait donc plus utile d'avoir des terminaux gaziers là-bas qu'un tuyau entre la France et l'Espagne".

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