Des stratégies de partenariat comme alternatives aux acquisitions auxquelles les banques françaises, douchées par la guerre en Ukraine, sont habituées
Credits: FRED TANNEAU / AFP

Des stratégies de partenariat comme alternatives aux acquisitions auxquelles les banques françaises, douchées par la guerre en Ukraine, sont habituées

Habituées aux acquisitions pour se renforcer dans certains métiers, comme récemment dans la gestion d'actifs ou les activités en ligne, les grandes banques françaises ont remisé leurs carnets de chèques, douchées par le déclenchement de la guerre en Ukraine.

"Le sentiment d'incertitude" lié à l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février "a gelé les positions des acteurs bancaires français", explique à l'AFP Simon Outin, analyste chez Allianz Global Investors.

Ces derniers ont pourtant les poches pleines, après une année 2021 marquée par des bénéfices records. A elles quatre, Société Générale, BNP Paribas, BPCE et Crédit Agricole ont engrangé près de 30 milliards d'euros de résultat net l'an dernier, un record historique.

"Si les grandes banques françaises ont bien la capacité de faire des acquisitions conséquentes, ça n'est pas vraiment leur priorité", estime M. Outin. De nouveaux investissements seraient "vraiment difficiles à vendre aux actionnaires", complète l'analyste de l'agence de notation Moody's, Olivier Panis.

D'abord parce que les expositions des banques, Société Générale en tête, chez les deux pays belligérants "vont consommer du capital", précise-t-il à l'AFP, pour éponger des pertes voire des dépréciations d'actifs.

Ensuite parce qu'elles ont déjà prévu de rendre une partie importante de leurs profits aux actionnaires, après deux années de disette: 3,67 euros par exemple de dividende par action pour BNP Paribas, soit la moitié du résultat de l'entreprise

Stratégies de partenariat

Dans un contexte incertain, des stratégies de partenariats, moins gourmandes en capital, sont des alternatives aux acquisitions.

Elle sont de plus en plus visibles: BNP Paribas et Crédit Agricole ont par exemple annoncé il y a dix jours la création future d'une coentreprise sur le marché de la conservation et l'administration d'actifs.

C'est aussi valable au-delà du secteur bancaire. Crédit Agricole, via sa filiale spécialisée en crédit à la consommation, avait fin décembre signé un accord avec le groupe automobile français Stellantis dans le but de créer un "leader européen de la location longue durée automobile".

Et BNP Paribas en avait conclu un autre début février avec le britannique Jaguar Land Rover pour des prêts classiques, des produits d'assurance et des solutions de location longue durée pour les particuliers dans neuf pays européens.

Des partenaires plus jeunes sont aussi envisagés sur certains métiers. Ainsi La Banque Postale s'est associé mi-mars à la fintech dédiée au crédit à la consommation Django sur le segment du paiement en plusieurs fois et du paiement différé.


Ventes additionnelles

La guerre en Ukraine n'a pas tout mis entre parenthèses: elle ne remet pas en cause les quelques opérations annoncées juste avant, selon Olivier Panis.

Les processus entamés, comme l'acquisition de la société de leasing automobile Leaseplan par Société Générale ou ses négociations exclusives pour la reprise d'une partie du portefeuille de clients d'ING en France, "vont aller à leur terme", estime-t-il.

Passée la crise, l'objectif de trouver des sources de croissance alternatives reviendra sur le devant de la scène.

"Elles se trouvent souvent dans les services financiers diversifiés: gestion d'actif, banque privée, assurance, financement à la consommation et financement spécialisé, services financiers aux institutions", liste Antonio Roman, analyste chez Axiom, "mais aussi dans l'acquisition de clients et canaux de distributions dans les métiers principaux".

Les acquisitions réalisées par les banques "s'inscrivent dans des stratégies de long terme", rappelle l'analyste de Moody's, avec un intérêt particulier pour les activités pouvant déclencher des ventes additionnelles.

La très prisée location longue durée de véhicules, en plus d'être un métier connexe à l'activité traditionnelle des banques et en plein essor, répond aux besoins de leur clientèle composée pour l'essentiel de particuliers. Une autre illustration en creux: pour un bon prix, BNP Paribas n'a pas hésité à céder sa filiale américaine Bank of the West en fin d'année dernière, celle-ci "n'étant pas connectée au reste du groupe", souligne M. Panis.

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