Hong Kong: le patron de presse Jimmy Lai ne sera pas jugé par un jury
Le magnat de la presse hongkongais Jimmy Lai ne sera pas jugé par un jury lors de son procès pour avoir enfreint la drastique loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, a appris lundi l'AFP.
Le ministre hongkongais de la Justice, Paul Lam, a ordonné qu'il soit jugé par trois magistrats choisis par l'exécutif, ce qui constitue une vraie rupture avec la tradition juridique de la ville.
Cette décision, dont l'AFP a pu consulter une copie, invoque l'implication d'éléments étrangers" dans cette affaire, "la sécurité personnelle des jurés et des membres de leur famille" et "le risque de pervertir le cours de la justice si le procès se déroule avec un jury".
La législation imposée par la Chine en 2020 pour mettre fin à toute dissidence à Hong Kong permet aux affaires d'être entendues par des juges spécialisés en matière de sécurité nationale.
A ce jour, les autorités ont refusé la présence d'un jury pour trois affaires en lien avec la sécurité nationale devant la Haute cour.
M. Lai, 74 ans, est l'une des figures de proue du mouvement pro-démocratie.
Son tabloïd Apple Daily, très critique à l'égard du pouvoir chinois, a été contraint de fermer l'an passé après un gel de ses actifs par les autorités en vertu de la loi sur la sécurité.
Des dirigeants du journal, parmi lesquels M. Lai, ont été accusés de "collusion avec des puissances étrangères", des faits qui relèvent de la sécurité nationale.
Lundi, le procureur Anthony Chau a indiqué au tribunal que six dirigeants d'Apple Daily ont dit vouloir plaider coupable, ce qui donne généralement droit à une réduction de peine.
Deux autres militants liés à l'affaire ont déjà plaidé coupable et été condamnés pour le même motif.
M. Lai, qui purge actuellement une peine pour avoir pris part à une manifestation interdite, a l'intention de plaider non coupable, ce qui signifie qu'un procès devrait avoir lieu vers la fin de l'année ou au début de l'année prochaine, selon le tribunal.
La semaine dernière, l'AFP a rapporté que le plus grand procès relatif à la sécurité nationale à ce jour - celui de 47 militants de premier plan - se déroulera sans jury, citant un ordre similaire du ministère de la Justice.
La Chine affirme que sa loi sur la sécurité, passible de la prison à vie, a rétabli la stabilité après les manifestations démocratiques énormes et parfois violentes qui ont secoué Hong Kong en 2019. Ses détracteurs affirment qu'elle a criminalisé la dissidence et érodé les libertés.